
Un homme afghan passe devant une maison endommagée à la suite de tremblements de terre dans le village de Mazar Dara, situé dans le district de Nurgal, dans la province de Kunar, à l'est de l'Afghanistan, le 1er septembre 2025 après un séisme de magnitude 6,0 ( AFP / Wakil Kohsar )
La terre a de nouveau tremblé mardi en Afghanistan, réveillant le traumatisme de milliers de familles désormais sans abri dans l'est du pays, où un séisme de magnitude 6 a fait dimanche plus de 1.400 morts et de 3.100 blessés.
Dans l'obscurité de leurs villages accrochés aux contreforts verdoyants des provinces de Nangarhar et de Kounar, à la lisière du Pakistan, "des femmes, des enfants, des personnes âgées seulement protégés par un châle" passent une nouvelle nuit sans toit, rapporte à l'AFP Ijaz Ulhaq Yaad, haut fonctionnaire à Nourgal, l'un des districts les plus touchés.
"Il n'y a rien à manger, tout a été enseveli sous les décombres et rien ne peut arriver par la route et, en plus, on sent encore de fortes secousses", poursuit-il.
En contrebas, les habitants de Jalalabad, chef-lieu de Nangarhar, restent eux aussi dans les rues, redoutant d'être une nouvelle fois sortis brutalement de leur sommeil.
En fin d'après-midi, une réplique de magnitude 5,2 a réveillé le douloureux souvenir de dimanche quand, aux environs de minuit, des milliers de familles ont plongé dans l'horreur, avec un bilan humain parmi les plus lourds des dernières décennies dans le pays, l'un des plus pauvres au monde.
Aucune victime ni nouveau dégât n'ont jusqu'ici été rapportés et Ehsanullah Ehsan, le chef de l'Autorité de gestion des catastrophes de Kounar, a affirmé que ce genre de "répliques sont habituelles".
- "Devoir d'aider" -
Après le premier séisme, la quasi-totalité des victimes (1.411 morts, 3.124 blessés) ont été recensées à Kounar où, comme ailleurs, les secouristes continuent de fouiller les décombres, alors que des soignants s'attellent à aider les blessés.
Rahmatullah Khaksar, directeur des urgences d'un hôpital de Jalalabad, indique en avoir reçu 600 depuis dimanche.
"La plupart sont admis en traumatologie, blessés à la tête, au dos, à l'abdomen et aux jambes", dit-il. "Pour ceux qui sont sans proches, nous avons mis à disposition une partie de l'hôpital pour qu'ils y restent jusqu'à ce qu'ils retrouvent leurs familles".
Indrika Ratwatte, coordinateur de l'action humanitaire de l'ONU en Afghanistan, a prévenu que "potentiellement, le nombre de personnes touchées pourrait atteindre presque des centaines de milliers" dans un pays où, après quatre décennies de guerre, 85% des habitants vivent déjà avec moins d'un dollar par jour, selon l'ONU.
Dans la province de Kounar, Oubadullah Stouman a accouru dans la localité de Wadir pour obtenir des nouvelles de ses proches.
"Ici, les gens sont pauvres, c'est notre devoir de les aider", dit à l'AFP cet Afghan de 26 ans, qui a senti la terre bouger dimanche mais sans que cela ne provoque de dégâts dans son village.
A Wadir en revanche, "il n'y a plus que des pierres, je ne sais même pas comment décrire cela, c'est très, très dur à voir", lâche-t-il, la gorge nouée.

Une femme afghane blessée reçoit des soins médicaux devant une maison endommagée après des tremblements de terre dans le village de Mazar Dara du district de Nurgal, dans la province de Kunar, en Afghanistan oriental, le 1er septembre 2025 ( AFP / Wakil Kohsar )
Pour Ehsanullah Ehsan, "la priorité est d'aider les blessés".
"Nous distribuerons ensuite des tentes et des repas chauds aux sans-abris", assure-t-il.
- Aide internationale -
Avec des villages coupés du monde par des glissements de terrain, c'est par hélicoptère que l'aide arrive et que sont évacués les blessés.

Carte d'intensité des secousses du tremblement de terre de magnitude 6 qui a frappé l'est de l'Afghanistan, près de la ville de Jalalabad, le 1er septembre, avec des zones en cours d'analyse des dommages par satellite ( AFP / Jonathan WALTER )
L'Afghanistan, dont les autorités talibanes ne sont reconnues que par Moscou, souffre des récentes coupes dans l'aide humanitaire internationale, américaine en tête.
Face au désastre, les agences onusiennes ont toutes lancé des campagnes d'appel au don et ont déjà débloqué cinq millions de dollars du fonds mondial d'intervention d'urgence de l'ONU.
Londres a annoncé un million de livres pour aider au soutien des familles touchées, tandis que l'Union européenne enverra cette semaine 130 tonnes d'aide.
L'IFRC, Fédération internationale de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge, a lancé un appel urgent de dons à hauteur de 26 millions de dollars.

Des femmes et des filles afghanes blessées sont réfugiées dans un champ après des tremblements de terre dans le village de Mazar Dara de Nurgal, un district de la province de Kunar, dans l'est de l'Afghanistan, le 1er septembre 2025 ( AFP / Wakil Kohsar )
L'Afghanistan est fréquemment frappé par des tremblements de terre, en particulier dans la chaîne montagneuse de l'Hindou Kouch, près de la jonction des plaques tectoniques eurasienne et indienne.
Depuis 1900, le nord-est de ce pays a connu 12 séismes d'une magnitude supérieure à 7, selon Brian Baptie, sismologue au British Geological Survey.
Après leur retour au pouvoir en 2021, les talibans ont été confrontés au séisme le plus meurtrier en 25 ans: en 2023, dans la région d'Hérat, à l'autre extrémité de l'Afghanistan, à la frontière avec l'Iran, plus de 1.500 personnes avaient été tuées et plus de 63.000 habitations détruites.
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